les gouvernements se copient les uns les autres et finissent par se référer à un même modèle de diffusion de la pandémie
L’offensive des multinationales du numérique a pour contrepartie une désarticulation des systèmes productifs nationaux et une polarisation des sociétés selon une ligne de fracture entre les groupes et les professions qui prospèrent dans la mise en concurrence des territoires et les autres, les perdants, dont le niveau de vie stagne, voire baisse. Tel est le terreau dont se nourrissent les mouvements qui défendent l’identité nationale et demandent à l’État de les protéger du grand vent de la concurrence internationale, qu’ils n’ont pas les moyens d’affronter.
Un premier avenir pourrait résulter d’une alliance entre les techniques numériques et les avancées de la biologie pour aboutir à une société de surveillance généralisée qui institue et rend possible une polarisation entre un petit nombre de riches et une masse de sujets rendus impuissants par l’abandon de l’idéal démocratique.
Le second avenir pourrait résulter de l’effondrement d’une telle société. La dislocation des relations internationales et l’échec du combat contre la pandémie par des moyens purement médicaux (traitements, vaccins, ou à l’opposé obtention d’une immunité collective) montrent la nécessité d’un État social qui devient le tuteur d’une démocratie étendue à l’économie. Et qui, face aux menaces sanitaires, s’emploie à renforcer l’ensemble des institutions nécessaires à la santé collective et conçoit l’éducation, le mode de vie et la culture comme autant de contributions au bien-être de la population.
https://www.monde-diplomatique.fr/2020/11/BOYER/62392
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